En cliquant sur les onglets ci-dessus, vous pourrez retrouver les souvenirs de la venue de Michel Butor à Mons-en-Barœul le samedi 5 mars 2011 (Le retour dans sa maison natale, l'hommage à la Maison Folie du Fort de Mons et des moments émouvants avec notamment un vivat flamand et la découverte de l'iPad lors d'un repas à l'Hamadryade de Villeneuve d'Ascq). Le samedi 5 mars après midi Michel Butor a inauguré au musée Sandelin à St Omer une exposition qui lui était consacré (onglet St Omer). Nous avons ajouté les émotions du 18 mai 2012 à Mons (restaurant du Fort, découverte de la bibliothèque et vernissage dans la salle d'exposition du fort) et le lendemain lors d'une visite privée au musée de la piscine de Roubaix et son intervention à la médiathèque l'Odyssée à Lomme. Merci au groupe des amis de Michel Butor qui a permis à Michel Butor de retrouver sa ville natale.

Michel Butor « lit » 105 peintures de l’art occidental 
Le regard du romancier y capte des détails insoupçonnés.

Un article, de Michel Salem, paru dans la Tribune de Genève, le jeudi 14 janvier 2016.

Dans sa 90ème année, Michel Butor, se montre toujours aussi jeune d'esprit, en expliquant son intérêt pour l'iPad et internet. La tablette d'Apple que nous avions eu l'opportunité de lui faire découvrir, le 5 mars 2011, lors de sa venue dans sa ville natale. Voir la vidéo ici.



Au milieu des années 1970, les étudiants de la Faculté des lettres de Genève firent un accueil triomphal à Michel Butor, un auteur français qui, vingt ans auparavant, avait révolutionné la littérature en déclenchant, avec quelques compères (Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon) la mouvance du « nouveau roman ».

 A notre surprise, nous vîmes débarquer aux Bastions un quinqua en salopette, qui d’entrée nous proposait de nous intéresser autant aux arts plastiques qu’aux écrivains ; à l’acuité du regard de ceux-ci sur le travail des peintres. Le sien s’y était exercé assidûment depuis son Prix Renaudot 1957 pour La modification, son livre le plus vendu, le plus traduit. Or, il rompit assez tôt avec l’écriture romanesque pour génialement en réinventer une poétique, publier des récits de voyages, des essais sur Rabelais et ses « hiéroglyphes » – ou expliciter chez Proust la récurrence allégorique du nombre 7. A l’heure où l’on publie, en sa 90e année (né en 1926, il vit à présent près de la frontière genevoise), un ouvrage à la fois d’art et de littérature, son humanisme multiculturel reste une belle exception française.
  
 « Une école du regard »

Michel Butor ne renie aucunement ses débuts de romancier : « Le nouveau roman a aussi été pour moi une école du regard. Pour pouvoir décrire parfaitement les choses, je me suis mis à les observer avec beaucoup plus de précision. » Au premier plan de ces « choses », le travail et les techniques personnelles des grands peintres : des anciens tels Rembrandt, Dirk Bouts, Delacroix, ou des modernes comme Delvaux, Mondrian, Alechinsky, Rothko.


Il porte sur leurs œuvres un regard original, car décalé, tout aguiché qu’il est par des détails instructifs que les critiques d’art souvent ne voient pas, ou négligent. Son œil d’écrivain capte des lapsus camouflés, involontaires ou non, et sa boussole est celle d’un poète. A 89 ans, Michel Butor conserve son étonnante fraîcheur intellectuelle, il se dit « fasciné » par Internet et les lectures sur iPad.

Dans cette nouvelle publication, il nous convie à redécouvrir l’histoire de l’art à travers 105 œuvres décisives de la peinture occidentale. Pourquoi 105 ? Il était nécessaire de « choisir un nombre (…) qui donnât une sensation d’inachevé, comme le « 1001 » des Mille et une nuits. Cent, mais pas seulement cent, un peu plus, pour que l’on ne dise : « Pourquoi pas une encore, et une autre, et dix autres… » Et de regretter de n’avoir pas pu célébrer en son musée idéal un Masaccio, un Frans Hals, un Caillebotte.


Christ marchant sur le Léman

De La lamentation sur le Christ mort de Giotto, peinte en 1305, jusqu’à la fresque Notary, taguée en acrylique par Jean-Michel Basquiat en 1983, l’ouvrage met en regard sur une double page l’œuvre choisie et son commentaire. Décryptant La pêche miraculeuse, du peintre bâlois Konrad Witz, qui en 1444 représenta une scène de l’Evangile où le Christ marche sur les eaux du Léman, Butor, qui connaît Genève, s’y repère : « A gauche, les montagnes où j’habite, les Voirons, avec le Salève sur la droite. Le mont pointu, en face de nous au milieu, est le Môle. »