En cliquant sur les onglets ci-dessus, vous pourrez retrouver les souvenirs de la venue de Michel Butor à Mons-en-Barœul le samedi 5 mars 2011 (Le retour dans sa maison natale, l'hommage à la Maison Folie du Fort de Mons et des moments émouvants avec notamment un vivat flamand et la découverte de l'iPad lors d'un repas à l'Hamadryade de Villeneuve d'Ascq). Le samedi 5 mars après midi Michel Butor a inauguré au musée Sandelin à St Omer une exposition qui lui était consacré (onglet St Omer). Nous avons ajouté les émotions du 18 mai 2012 à Mons (restaurant du Fort, découverte de la bibliothèque et vernissage dans la salle d'exposition du fort) et le lendemain lors d'une visite privée au musée de la piscine de Roubaix et son intervention à la médiathèque l'Odyssée à Lomme. Merci au groupe des amis de Michel Butor qui a permis à Michel Butor de retrouver sa ville natale.

L'atelier ardent

L’atelier ardent

Butor est un maître de l’image. Un artiste et un théoricien de la relation entre texte et image.


Un article écrit par Adèle Godefroy, paru dans le numéro spécial consacré à l'écrivain. Patriote Côte d'Azur • N° 231 • Semaine du 16 au 22 mars 2018.


Il nous a semblé utile de solliciter Adèle Godefroy qui travaille sur cette relation dans l’œuvre de Butor avec les photographes, et qui en a fait l’un des axes de sa démarche pédagogique dans le cadre de son enseignement de la littérature. En collège, comme à l’université, elle engage ses élèves et étudiants à aborder les œuvres littéraires par le biais des images, comme Michel Butor entre dans ses propres textes, se met à écrire, en regardant les œuvres des photographes, des peintres et des sculpteurs.

Au mois de novembre dernier, elle nous parlait de ses étudiants et de son « TD ». En ce mois de mars, elle nous propose un collage et cette introduction.

Plusieurs mois de recul auront été nécessaires pour trouver le temps, mais aussi la distance, pour comprendre ce qui s’est « joué » dans ce Travail Dirigé.

Les derniers mois du cours, et les semaines suivantes, on a entendu combien le cours était devenu « populaire ». Cela grâce à l’énergie d’une écriture photographique qui a inspiré les étudiants, au-delà des murs de la salle étouffante, bouillonnante, des lundis midi. Un cours où l’on a eu l’impression d’être accompagné par l’écrivain, quotidiennement, par ce qu’il incarnait d’inventivité pour une jeunesse en manque de voir et de dire.

J’ai demandé à mes étudiants dans un questionnaire-bilan la façon dont, désormais, ils présenteraient Michel Butor à quelqu’un d’autre. Les réponses en disent long « quelqu’un qui s’intéresse à toute forme d’art, mais surtout à l’homme » (B.G), « dont l’écriture ne reste pas à la surface des images, mais leur est intrinsèque » (L.A). Un artiste qui a « touché à toutet avec qui [on a] l’impression qu’on revient à un état brut de la littérature » (A.T). D’autres ajoutent, qu’avec lui, nous sommes allés « au-delà de la considération d’une photographie et d’un regard bavard [sur elle] ». Qu’on a accepté de donner droit de cité au regard qui accepte de « se laisser transporter avant de penser », de « se laisser guider sans vouloir prendre les commandes » (L.L). Enfin, que nous avons appris au contact de l’autre, pour développer « une ouverture d’esprit [...] découvrir que [son] cerveau est infini face à l’art, tout comme [sa] pensée » (F.H).

Une dernière variation, donc, pour finir, autour de cet adjectif « populaire » dont il me tarde de découvrir les fenêtres ouvertes par les autres contributeurs...

Michel Butor est un écrivain qui fait partie du peuple, qui le caractérise parce qu’il revendique son effort permanent de se mettre au service de l’expression de ses rêves. Un écrivain populaire d’une écriture complexe dont la modestie, toujours sous-jacente, établit une familiarité précieuse, met en confiance l’étudiant dans sa capacité à lire, lui aussi, le monde à travers son propre filtre. Dont la lecture qui engage l’effort, l’élan des étudiants dans l’interprétation. Un contentement né de la défense permanente d’un espace de l’ouvert, où chacun se sent chez soi. Une culture, démocratique par excellence, protégée par les textes et transmise parce que partagée dans et par les gestes de lire et d’écrire à son tour... Un écrivain dont la lecture ne coûte rien si ce n’est de toucher du doigt ce que coûte l’oubli de voir et d’écouter l’autre.

Populaire, Butor, donc. Oui.

Adèle Godefroy est photographe et enseignante. Elle prépare un doctorat en littérature comparée, et rédige une thèse sur « Prétexter l’image pour enseigner la littérature aujourd’hui » (ED120, Paris III). Elle s’intéresse aux dispositifs d’écriture déployés dans les livres de Michel Butor avec les photographes et en évalue la potentialité pédagogique dans le cadre de ses cours ou ateliers d’écriture en France et à l’étranger. En proximité avec l’écrivain, et aux côtés de Mireille Calle-Gruber, elle a accompagné l’organisation de l’exposition des photographies de Michel Butor au centre Joe Bousquet à Carcassonne (décembre 2015-2016).