En cliquant sur les onglets ci-dessus, vous pourrez retrouver les souvenirs de la venue de Michel Butor à Mons-en-Barœul le samedi 5 mars 2011 (Le retour dans sa maison natale, l'hommage à la Maison Folie du Fort de Mons et des moments émouvants avec notamment un vivat flamand et la découverte de l'iPad lors d'un repas à l'Hamadryade de Villeneuve d'Ascq). Le samedi 5 mars après midi Michel Butor a inauguré au musée Sandelin à St Omer une exposition qui lui était consacré (onglet St Omer). Nous avons ajouté les émotions du 18 mai 2012 à Mons (restaurant du Fort, découverte de la bibliothèque et vernissage dans la salle d'exposition du fort) et le lendemain lors d'une visite privée au musée de la piscine de Roubaix et son intervention à la médiathèque l'Odyssée à Lomme. Merci au groupe des amis de Michel Butor qui a permis à Michel Butor de retrouver sa ville natale.

L'homme à l'encre indélébile


Michel Butor, l’homme à l’encre indélébile

La chronique de Gilles Heuré, paru dans Télérama le 30 août 2016.

Poète, enseignant, essayiste… L'auteur de “La Modification”, mort le 24 août 2016, ne peut être cantonné à la famille du Nouveau roman tant son œuvre est impressionnante.

Né en 1926, décédé le 24 août 2016, Michel Butor est encore une de ces grandes figures de la littérature qui s’effacent sans bruit. Il laisse derrière lui non seulement une œuvre impressionnante, mais aussi une admiration de nombre de ses pairs et, moins quantifiable et tout aussi légitime, de ses lecteurs, y compris ceux à venir. Avec ses romans, Passage de Milan (éd. de Minuit, 1954), L’Emploi du temps (éd. Minuit, 1956), La Modification (éd. de Minuit, 1957, prix Renaudot), on associe Michel Butor à Claude Simon ou Nathalie Sarraute, à une famille littéraire « Nouveau roman ». 


Mais lui est aussi poète. Universitaire, enseignant à Nice puis à Genève, grand lecteur d’œuvres classiques — voir son étude monumentale Improvisations sur Balzac (1999) — son époque et le contexte littéraire qui furent ceux de ses premiers écrits le conduisirent sans doute à s’interroger sur la fonction et le statut d’auteur, question qu’il résolut probablement en s’instituant avant tout comme un homme qui regarde autant qu’il écrit, qualité somme toute appréciable à un écrivain, du moins comme il l’entendait.

Entretien

Michel Butor : “ On dit souvent de moi que je suis un inconnu célèbre ”


Les structures du roman pouvaient bien obéir à la multiplicité des regards qu’il portait sur tout et tous : la peintre portugaise Vieira da Silva, Alechinsky, Giacometti, Miquel Barcelo, la photographie, tout ce qui est signes, peintures, messages esthétiques, graphiques ou sonores. Grand voyageur, il fut ainsi grand producteur de textes. Les éditions La Différence continuent d’ailleurs à publier son œuvre qui compte déjà plus d’une dizaine de volumes. On peut s’égarer dans ses livres, comme on peut le faire en regardant un tableau de Mondrian sur lequel il écrivit des Notes en 1976 ; on peut tenter de deviner ce qu’il appelait « l’architecture cachée » d’un roman ou d’un tableau tout en sachant que lui-même l’avait soigneusement conçue. « Il y a la composition de l’œuvre et la forme de chaque phrase : le choix de chaque mot doit en être une conséquence » (Réponses à Tel quel). 

Dans La Modification, son livre le plus connu, il y a le projet d’un homme, celui de retrouver une femme à Rome et, lors de son voyage en train, le projet se modifie, chaque petit incident — des gestes de voyageurs, des gares qu’il traverse, des souvenirs oubliés — se répercutant sur d’autres aboutit finalement à la modification du projet initial. Une mosaïque de situations et de réflexions dont chaque lecteur de Butor peut s’emparer à son tour puisqu’un écrivain ne disparaît jamais tout à fait.