L’écrivain Michel Butor, né à Mons-en-Barœul, est décédé
Publié le 25 août 2016 dans La Voix du Nord
« Ecrire c’est détruire les barrières », affirmait l’écrivain,
poète et essayiste Michel Butor, dernière grande figure du Nouveau Roman,
décédé mercredi le 24 août) à l’âge de 89 ans, laissant derrière lui une oeuvre prolixe et
inclassable toujours étudiée en France comme à l’étranger. L’écrivain qui
n’avait jamais cessé d’écrire et de publier s’est éteint à l’hôpital de
Contamine-sur-Arve, en Haute-Savoie, selon Le Monde qui a annoncé son décès,
citant sa famille.
Après l’avoir quitté de nombreuses années, Michel Butor
était revenu dans sa ville natale de Mons-en-Barœul en 2012.
Auteur d’une œuvre foisonnante et multiforme, Michel Butor
avait acquis la notoriété avec son roman « La Modification » (prix Renaudot
1957). Il avait acquis une réputation internationale et son oeuvre était
étudiée en France comme à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis.
Né le 14 septembre 1926 à Mons-en-Barœul, fils d’un
inspecteur de la SNCF, Michel Butor, diplômé d’études supérieures de
philosophie et docteur ès lettres, a mené une double carrière d’écrivain et de
professeur.
Nommé en 1950 à Sens (Yonne), il enseigne surtout à
l’étranger en Egypte, Angleterre, et Grèce (1954-1957), et publie son premier
roman « Passage de Milan » (1954), suivi de «L’Emploi du temps» (prix Fénéon,
1956).
Un novateur
En 1958 il se fixe à Paris, devient lecteur chez Gallimard
jusqu’en 1968, et entreprend une série de voyages (Etats-Unis, Japon, Australie)
qui seront alors sa principale source d’inspiration. Il en tire matière à des
formes littéraires novatrices : « Mobile » (1962), est une interprétation de
l’Amérique en mobile façon Calder, et « Boomerang » (1978), un livre à trois
couleurs et trois trames narratives.
Tout en bâtissant une œuvre qui abolit les frontières des
genres littéraires, l’écrivain enseigne dans les universités de Vincennes
(1969), Nice (1970-1973), puis Genève (Suisse), où il est professeur de langues
et littérature françaises modernes (1975-1991).
Egalement auteur de recueils de poésies (« Envois », «
Collation »), Michel Butor publie en 1996 « Le Gyroscope », dernier tome du
cycle « Le Génie du lieu », cinq essais consacrés à des sites géographiques
analysés comme des œuvres d’art, ainsi que « Répertoire littéraire » qui
réunit les analyses critiques des classiques français, de Rabelais à Zola.
En 2006, les Editions de La Différence entament la
publication de ses œuvres complètes, tandis qu’une rétrospective de son œuvre
se tient à la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Père de quatre filles, Michel Butor avait réalisé plusieurs
livres d’entretiens, dont « Curriculum vitae » (1996) et « Entretiens, quarante
ans de vie littéraire » (2000), puis publié en 2008 « Petite histoire de la
littérature française » audiovisuelle.
En 2013, il avait été récompensé par le grand prix de
littérature de l’Académie française. Son dernier ouvrage, publié il y a
quelques mois, était consacré à Victor Hugo dans la collection « Les auteurs de
ma vie » (Buchet-Chastel).
S’il était né dans la métropole lilloise, il l’avait quitté
rapidement. Il était toutefois revenu en 2011 sur ses terres pour une
exposition lui rendant hommage. Il était ensuite revenu plusieurs fois à
Mons-en-Barœul.