En cliquant sur les onglets ci-dessus, vous pourrez retrouver les souvenirs de la venue de Michel Butor à Mons-en-Barœul le samedi 5 mars 2011 (Le retour dans sa maison natale, l'hommage à la Maison Folie du Fort de Mons et des moments émouvants avec notamment un vivat flamand et la découverte de l'iPad lors d'un repas à l'Hamadryade de Villeneuve d'Ascq). Le samedi 5 mars après midi Michel Butor a inauguré au musée Sandelin à St Omer une exposition qui lui était consacré (onglet St Omer). Nous avons ajouté les émotions du 18 mai 2012 à Mons (restaurant du Fort, découverte de la bibliothèque et vernissage dans la salle d'exposition du fort) et le lendemain lors d'une visite privée au musée de la piscine de Roubaix et son intervention à la médiathèque l'Odyssée à Lomme. Merci au groupe des amis de Michel Butor qui a permis à Michel Butor de retrouver sa ville natale.

Exposition de livres d'artistes



Exposition

La médiathèque de Joué-lès-Tours rend actuellement hommage au grand poète Michel Butor, disparu cet été. Celui-ci a, entre autres particularités, celle d'avoir multiplié les rencontres créatives avec des artistes plasticiens, qui ont donné lieu à la réalisation de nombreux livres d'artistes. La médiathèque en présente plusieurs en exposition, et propose également, une sélection de livres de Michel Butor à emprunter.

Jusqu'au 19 novembre 2016









La Médiathèque de Joué-lès-Tours constitue depuis 1990 un fonds de livres d'artistes.


Rencontre entre l'image et le texte, entre un écrivain et un artiste, ces « objets livres » sont des pièces uniques ou éditées en petit nombre.

La collection s'enrichit chaque année de nouvelles acquisitions, selon différents critères : la qualité de l'impression, de la gravure, des textes, la mise en valeur d'artistes ou d'écrivains locaux.

Les livres d'artistes sont présentés de manière régulière dans la Médiathèque.

Ils peuvent aussi être consultés sur rendez-vous (02.47.73.32.00).


N’ayant pas hérité de documents anciens, la médiathèque de Joué lès Tours s’est tournée, depuis plusieurs années, vers l’acquisition d’œuvres contemporaines originales, rares, voire uniques. Au fil du temps, elle a enrichi sa collection, considérant également que le grand public devait avoir accès à ce patrimoine exceptionnel.

Les ouvrages d’écrivains, au cœur desquels l’écriture et les arts graphiques mêlés apportent une dimension supplémentaire au livre, ont été présentés au public lors de l’exposition qui s’est tenue à la médiathèque au printemps 2010. Aujourd’hui, ils sont conservés mais peuvent être feuilletés, sur demande, et avec précaution.

La collection de la médiathèque de Joué lès Tours s’offre ainsi librement au partage, à l’émotion. Les œuvres, aussi singulières que fragiles, occupent désormais une place de choix dans le patrimoine jocondien, démontrant aussi l’extrême vivacité de l’expression littéraire et artistique moderne.

Les illustrations accompagnent les mots. L’écriture manuscrite traduit la pensée qui trace les lettres, une à une, pour créer du sens ou révéler le sentiment d’être... Le livre peut aussi nous interpeller par sa forme, lorsqu’il s’affranchit des pages et des reliures traditionnelles.

Ce catalogue « Livres d’Artistes » respire la liberté. Il invite à découvrir le souffle de la création, qu’elle soit littéraire, graphique ou plastique.


Je vous invite à le feuilleter au gré de vos inspirations et de vos désirs. Que l’art soit à la portée de tous.

Philippe LE BRETON
Maire de Joué lès Tours
Conseiller général de Joué Sud
Premier vice-Président de la communauté d’Agglomération Tours(s)Plus 

Ces livres qui nous délivrent

Les livres d’artistes ont longtemps été l’apanage des collectionneurs. Les livres ordinaires rejoignaient, eux, tout naturellement les biblio- thèques où ils pouvaient être empruntés. Les livres d’artistes, qu’ils soient imprimés ou manuscrits, n’entraient que dans des bibliothèques spécialisées (on songe à la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, à Paris, qui porte le nom d’un collectionneur généreux). Plus ils étaient rares, plus ils étaient la proie des bibliophiles qui pouvaient aller jusqu’à les conserver dans le coffre-fort de leur banque...

Les livres d’artistes ont quelque peu changé de statut au fil du temps. Elitistes, ils se sont démocratisés. Des médiathèques, comme celle de Joué lès Tours, ont décidé d’en acquérir et de constituer ainsi une collection ouverte. Certes, on les présente sous vitrine lors des expositions qui leur sont consacrées, mais ils peuvent être regardés de plus près et même feuilletés pour peu qu’on enfile de fins gants de lecture. C’est qu’il importe de conserver leur caractère originel, virginal même.

Les livres imprimés sont toujours moins fragiles. Les gravures ou les lithographies qui les accompagnent sont des « multiples » qui im- pressionnent moins qu’une intervention picturale originale. Devant un livre manuscrit à quelques exemplaires et rehaussé par l’œuvre d’un artiste (peintre, mais aussi photographe, voire installateur), l’impression est souvent saisissante. On entre comme dans le secret du livre.

Il me souvient que, travaillant à une édition de Rimbaud en livre de poche (j’avais à peine vingt-cinq ans), je me trouvais désappointé de- vant les poèmes d’ « Illuminations ». Or, c’est en consultant ces poèmes au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, que j’eus soudain l’impression de les comprendre. Rimbaud écrivait sous mon regard - et, entre ses hésitations tremblantes et ses affirmations ailées, je sentais battre le texte et la pensée qui le travaillait. Plus tard, je vis René Char écrire à la plume et demander à ses amis artistes, de passage aux Busclats, de donner de la couleur à ses mots. René Char retrouvait là la grande tradition des « livres enluminés » - les seuls à exister avant que Gutenberg n’invente l’imprimerie.

L’écriture manuscrite nous retient, non point seulement parce qu’elle recèle des secrets graphologiques mais aussi et surtout parce qu’elle implique la main, son mouvement, sa caresse. Le papier est une peau. La plume l’effleure ou le gratte, le pinceau s’y étale ou le boit. L’osmose est d’essence érotique. Les surréalistes demandaient aux mots de faire l’amour sur la page après qu’Apollinaire leur eut donné toute liberté au sein de ses « Calligrammes ». 


Mes émotions d’adolescent se sont cristallisées sur quelques livres rares -des livres dont l’éditeur Tériade avait voulu que, tout en étant imprimés, ils laissent l’impression d’être manuscrits (on doit ce procédé à un certain Jacomet). Il y eut d’abord « Le Chant des morts » de Pierre Reverdy où Pablo Picasso tache les pages écrites, d’un rouge vif qui fait du sang le miroir cruel du chant. Puis il y eut « Jazz » par Henri Matisse - le peintre assumant l’écriture même de l’ouvrage livré à de savants collages, comme dans ces improvisations musicales que j’avais commencé à aimer, de Charlie Parker à John Coltrane. C’est que le beau livre est aussi une musique - une partition. « L’œil écoute » a écrit Paul Claudel. La plume est une étrange caisse de résonance. Elle élève tout en restant rivée au papier.

Il est heureux que les bibliothèques - devenues pour la plupart des médiathèques - offrent leur lot de journaux, de livres et de films, mais aussi qu’elles entraînent vers ces objets singuliers - les livres d’artistes - où l’écriture s’apparente au désir - « dur désir de durer » écrit Paul Eluard quand René Char parle, lui, de « l’amour réalisé du désir demeuré désir ». Quelque chose d’obscur et de fondamental se joue dans ces gestes premiers où « l’acte est vierge, même répété », pour citer à nouveau René Char, grand maître du genre, à qui une amie , Yvonne Zervos, demanda de lui donner des poèmes manuscrits qu’elle fit ensuite enluminer par Braque, Léger, Picasso, Miro et bien d’autres.

Saluons donc la collection initiée par la Médiathèque de Joué lès Tours, car la beauté n’est pas réservée à quelques amateurs. Elle s’offre librement à nous tous qui sommes des bibliophiles déclarés ou en puissance. Il suffit d’ouvrir ces livres pour s’ouvrir à une aventure où l’inconnu et le nouveau se conjuguent -et où les ressources de l’informatique peuvent jouer un rôle. Ce n’est pas un hasard si la Toile répond comme en écho à la toile des peintres. Rien de réactionnaire dans ces livres d’artistes qui veulent exprimer tous les secrets et toutes les an- goisses d’une époque à travers ceux qui les traduisent.


Oui, artistes main dans la main en ces livres qui finalement nous délivrent.